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Un peu d'Histoire du Milieu français
24 août 2016

Trois Marseillais Plein d'Avenir. Partie 5/10 : Zampa au sommet

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Marseille Interdite, histoire du Quartier Réservé 

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Tany Zampa

Trois Marseillais plein d'avenir

Chapitre 5 : Zampa au Sommet

Si les années 70 sont le théâtre de conflits violents à Marseille, c'est surtout le moment de la monté en puissance fulgurante et inexorable de Zampa et son équipeFinalement, le conflit avec Francis le Belge n'aura été qu'un incident de parcours. 

C'est aussi le moment où "le Grand" commence à investir massivement dans le légal, bien que ses secteurs d'activités habituels ne soient pas négligés, des labos clandestins de la French Connection aux hôtels de passe en passant par les rackets, les casses, les paris truqués ou les machines à sous clandestines. Concernant ces dernières il en possèderait des centaines depuis que le bizness a explosé à la fin des années 70, placées dans les cafés et bistrots de la région marseillaise certes mais aussi dans les Alpes-de-Haute-Provence via son frère Jeannot Toci et son ami Bert Seferian, dans la région de Clermont-Ferrand où Sabri Esciafi lui servirait de relais tandis qu'à Paris son très proche lieutenant Gérard Vigier s'occupe de placer des "bingos" à travers toute la petite couronne via une société de jeux basée à Saint-Ouen et avec pour QG l'Art Ozoir, une boîte de nuit de Seine-et-Marne qu'il a ouverte en 1981 avec sa femme.

Le Cours Mirabeau

Mais il y a surtout un endroit sur lequel lorgne Zampa : Aix-en-Provence la bourgeoise, à trente kilomètres au nord de Marseille, sorte d'antithèse de la cité phocéenne insalubre et malfamée que connaît trop bien Tany, lui qui rêve de briller et voit dans la ville du Roi René le sésame ultime à conquérir, comme l'aboutissement de quarante ans de carrière dans le Milieu.

Son homme de confiance dans la place n'est autre qu'Antoine Tarquini dit Tony, dont les frères font partie d'une grosse équipe de braqueurs basée dans le quartier des Catalans à Marseille. Homme de paille de Tany Zampa gérant ses intérêts dans le monde de la nuit, Tony Tarquini aide alors "le Grand" à mettre la main sur les hauts-lieux de la plus chic avenue d'Aix-en-Provence, le Cours Mirabeau, à savoir la boîte de nuit Le Mistral, la brasserie La Belle Epoque, le cabaret Le Khoréa et le café-restaurant La Rotonde. C'est ainsi un petit empire d'établissements de nuit que commence à se constituer Zampa, le Napolitain se rendant également maître à Marseille, toujours à travers Tarquini, du Triboulet, de la Chope d'Or et du Victoria dans le quartier de l'Opéra et du bar branché Le Lido au Prado.

Gilbert Hoareau dit Le Libanais

Il s'associe également à une autre figure montante de la nuit, Gilbert Hoareau dit le Libanais, un "chaud bouillant" né à Beyrouth en 1944 d'un père réunionnais, et que Paul Mondoloni, l'un des plus gros trafiquants de la French Connection devenu un juge de paix respecté du Milieu, aurait pris sous son aile à ses débuts. Avec son équipe, un temps sous la houlette de Zampa, le Libanais se serait rendu maître de plusieurs boîtes et clubs marseillais : le Kennedy's et la Mendigotte sur la Corniche, le Pussy Cat à l'Opéra, le Campus, le Privé, et surtout le Méditerranée sur le Vieux-Port rebaptisé pour l'occasion l'Annabel's, l'ancien QG des autrefois puissants frères Guérini que Gilbert Hoareau a réussit à rafler en jouant de tous ses charmes pour convaincre Louise Chrétien dite Lily, la femme de Mémé Guérini, de le lui vendre pour une bouchée de pain en 1973. Tout un symbole. Le passage de témoin d'une époque à une autre.

Outre ces établissements, la "galaxie Zampa" concernerait également la Camargue à Nice tenue par son fidèle ami Jean-Pierre "Bimbo" Roche partie s'installer sur la Côte d'Azur en 1975, la Mendigotte à Cannes, le Jimmy's à Marseille, la Locomotive à Cassis, et le Skarting à Valensole dans les Alpes-de-Haute-Provence tenu par Robert Seferian dit Bert l'Arménien, un autre fidèle qui a fait de Manosque et sa région sa deuxième patrie, au sein d'une solide équipe spécialisée dans le racket, les machines à sous clandestines et les braquages (Seferian fut notamment accusé en 1979 d'avoir abattu place des Ternes à Paris l'ancien gérant du Mistral Francis Durand dit Francis Lunettes ou Dudule, avant d'être blanchit par la justice). Pour "légaliser" les extorsions de fonds Tany Zampa créé même avec son frère Jeannot Toci - via des prête-noms - la société de distribution d'alcool Pradis en janvier 1976, qui impose ses produits aux bistrotiers de la région.

Mais la consécration ultime arrive le 1e octobre 1980 avec l'inauguration du Krypton à Aix-en-Provence dans le quartier du Val de l'Arc, une boîte de nuit géante dans laquelle Zampa a investit des sommes considérables, plusieurs millions de francs. Pour l'ouverture près de 2000 personnes se massent dans la discothèque, et sur scène James Brown, Nina Hagen et Patrick Sébastien se relaient tour à tour tandis que dans la salle on aperçoit de nombreuses vedettes, Alain Delon et sa compagne Mireille Darc, Julien Clerc, le compositeur Michel Legrand, le présentateur télé Yves Mourousi ou encore le chanteur québécois Robert Charlebois. Un véritable succès. Et une magnifique pompe à fric.

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Quelques Affaires Retentissantes

A cette époque le nom de Tany Zampa a atteint le grand publique, et dans les médias locaux tout comme dans les tribunaux ou les commissariats il est sur toutes les lèvres, le "beau mec" marseillais étant accusé de tous les maux, et en particulier des grandes affaires qui secouent le sud-est dans ces années-là. Outre qu'on l'ait soupçonné à tort de trafiquer des armes avec l'ETA, d'avoir organiser l'assassinat du militant d'extrême gauche Pierre Goldmann ou d'être derrière l'enlèvement du Baron Empain, voilà les principales affaires sudistes qui ont vu sortir le nom de Gaëtan Zampa.

Albert Spaggiari

On le voit tout d'abord derrière le "gang des égoutiers" qui le 17 juillet 1976 a dévalisé la Société Générale de Nice en passant par les égouts, le célèbre "casse de Nice". Et ce n'est sans doute pas tout à fait faux : si le coup a bel et bien été imaginé par le photographe-aventurier Albert Spaggiari, ce dernier a semble-t-il contacté des voyous marseillais pour le réaliser par le biais d'Homère Filippi, un trafiquant de came lié financièrement à Zampa. Parmi les membres présumés des "égoûtiers" on retrouve plusieurs proches du "Grand" : Jean-Claude Migozzi, une figure du Milieu niçois considéré comme le cerveau du casse et ayant commis son premier meurtre à 17 ans dans le quartier d'Endoume, Dominique Poggi dit l'Elegant, ancien trafiquant de piastres en Indochine décoré de la Croix de guerre pour sa participation aux combats de Monte Cassino en 1944, les deux frères Michelucci et surtout Gérard Vigier, grand ami de Zampa et membre de premier plan de son équipe, suspecté par ailleurs d'avoir soufflé l'idée de passer par les égouts à l'équipe du montreuillois Titi Peltier qui tape la Société Générale de l'Ile de la Cité à Paris un mois seulement après le casse de Nice. Inculpé avec cinq autres personnes Gérard Vigier entame une grève de la faim en prison pour protester de son innocence avant de se coudre purement et simplement les lèvres à vif, et fini par être acquitté en 1979.

Jean-Do Fratoni au Ruhl

Toujours à Nice, l'ombre de Zampa plane également sur l'inauguration du casino Ruhl le 18 février 1975. Si l'on doit son ouverture à l'affairiste Jean-Dominique Fratoni, un Corse proche du maire de Nice Jacques Medecin et surnommé "le Napoléon des jeux", et que l'acteur Alain Delon, lié depuis toujours à de nombreuses personnalités du Milieu, y a investit d'importantes sommes tout comme de mystérieux porteurs de parts italiens, le rôle de plusieurs personnages reste flou, notamment celui du voyou niçois Marcel Gambotti, connu pour trafic d'héroïne, fausse monnaie, proxénétisme et braquage, par ailleurs patron d'une entreprise de transports en ambulance ayant le monopole du secteur dans la ville, et surtout celui de Bimbo Roche, un très proche ami de Gaëtan Zampa partie s'installer à Nice où il gère l'établissement de nuit la Camargue, que l'on considère comme le véritable "tireur de ficelles" de l'affaire du casino Rhul et qui permettra à Zampa, raconte-t-on, de faire sortir pas mal d'oseille de l'établissement, tandis que le fils du caïd y est employé comme croupier pour être son "oeil" dans la place.
Une affaire juteuse donc et très convoitée, que certains considèrent comme le réel point de départ du conflit qui éclatera en 1977 entre Tany Zampa et Jacky le Mat.

Reconstitution de la tuerie du Téléphone par les enquêteurs de l'Evêché

C'est dans le cadre de cette guerre des gangs (qui durera près de 15 ans et dont on verra les détails dans le prochain article) que l'on soupçonne de nouveau Zampa dans une autre affaire restée célèbre à Marseille : la tuerie du bar du Téléphone qui laissa 10 hommes sur le carreau le 3 octobre 1978, dans un bistrot des quartiers nord fréquenté notamment par de petits délinquants connus pour violences volontaires, rébellion, proxénétisme, port d'arme, braquage et tentative d'homicide. Le plus sanglant règlement de compte de toute l'histoire du grand banditisme français.

En réalité, si pendant un moment le massacre a été mis sur le dos de la guerre que se mènent alors Tany Zampa et Jacky le Mat (le beau-frère de Roland Cassone, bras droit du Mat, était en effet étrangement présent dans le bar peu avant l'arrivée du commando), il s'agirait plutôt d'une embrouille entre seconds couteaux autour d'un trafic de faux billets. L'origine de l'assaut serait dû à Roland Luperini, un fou furieux du quartier du Panier devenu un barbouze spécialisé dans l'élimination de membres de l'ETA et bénéficiant d'importantes protections policières, reconvertit dans la fausse monnaie à grande échelle. Emmenant avec lui trois complices (sans doute Christian Forte, Bruno Esposito et Louis Quaranta) il aurait voulu faire payer à des écouleurs de billets une tentative d'assassinat qu'il avait essuyé peu avant, le 12 août 1978 devant la discothèque La Locomotive à Cassis, l'une des boîtes de Zampa, durant laquelle son ami Antoine Pagaro avait perdu la vie. Lorsque le commando arrive dans le bar de l'avenue Finat-Duclos (sur laquelle trois amis de Francis le Belge avaient déjà été assassinés en 1972), il vise un groupe d'hommes attablés dans le fond de la salle. Mais l'un des clients présents, pour le moins téméraire, parvient à ôter la cagoule d'un des assaillants qui se fait reconnaître par plusieurs habitués des lieux. Les quatre assassins décident alors de ne laisser aucun survivant et flinguent tout le monde, à l'exception de trois ou quatre personnes qui parviennent à s'enfuir. Bilan : Dix morts...
Trois semaines plus tard Roland Luperini et Christian Forte seront à leur tour tués au Cove's Club en face de la calanque de la Redonne, vraisemblablement par leurs anciens complices.

L'assassinat du juge Michel

Au lendemain du carnage le maire de Marseille Gaston Defferre déclarera : "A Marseille les truands se tuent entre eux. Ce drame est moins grave que dans d'autres villes de France : on ne tue pas de magistrats à Marseille", faisant référence à l'assassinat du juge Renaud à Lyon trois ans plus tôt. Pourtant, outre le fait que parmi les dix victimes seules quatre étaient effectivement connues des services de police, l'avenir contredira monsieur Defferre : le 21 octobre 1981 le juge Pierre Michel est abattu par deux hommes à moto boulevard Michelet. En poste dans la cité phocéenne depuis 1975, Pierre Michel s'était juré de faire tomber le Milieu marseillais et tous ceux qui en tiraient profit, que ce soit dans la politique, la justice, les affaires ou la police, tous. Au lendemain de la mort du juge, inévitablement, tous les regards se portent sur Gaëtan Zampa et le livre d'André Laville "Le Juge Michel" paru en 1982 en rajoute encore une couche. Bien que son auteur soit condamné en juillet 1984 pour diffamation le mal est fait. A partir de là Zampa devient l'homme à abattre, Gaston Defferre, devenu entretemps ministre de l'intérieur du président Mitterrand, ayant juré d'avoir la peau de celui qu'il avait pourtant béni de son amitié trente ans plus tôt lorsque le jeune Tany l'avait tiré d'un mauvais pas rue Davso.

Pourtant Zampa n'était pour rien dans cette exécution, comme on l'apprendra plus tard. Les véritables commanditaires de l'assassinat seraient en fait des trafiquants d'héroïne hyperactifs qui étaient dans le viseur du juge, à savoir François Girard dit Le Blond et son ami François Scapula dit Le Brun, inséparable duo du quartier d'Endoume entichés d'Homère Filippi (l'intermédiaire présumé du casse de Nice), de François Checchi et de Charles Altiéri, voulant tous évités coûte que coûte les (très) nombreuses années de prison qui pesaient sur leurs épaules, sans doute inspirés des méthodes de la mafia sicilienne dont ils fréquentaient quelques gros bonnets dans leurs affaires. Manque de peau les aveux de Scapula en 1986, désormais surnommé "Scapu la Balance" par tout ce que le Milieu compte de voyous, les enverra tous au trou pour trente années tandis que Scapu, lui, se voit miraculeusement blanchit.

Pour Zampa en tous cas, toutes ces affaires judiciaires compliquent considérablement le bizness, et tout particulièrement après l'assassinat du juge. Ciblé par toutes les polices, scruté par tous les services, il doit se faire ultra-discret et jouer de toutes ses touches en haut-lieu pour passer entre les mailles du filet. Sa paranoïa latente explose au grand jour, mais la justice n'est pas le premier de ses soucis, loin de là. En effet en février 1977 Tany a eu le malheur de tenter d'assassiner son ancien ami Jacky le Mat. Et le malheur supplémentaire de le louper. A partir de là il ne dormira plus tranquille, constamment sur ses gardes, inquiet et anxieux à longueur de journées, les hommes tombant comme des mouches autour de lui. Tous ses proches y passeront dans cette guerre impitoyable, y compris après sa mort. Une véritable "guerre de cent ans" dont nous relaterons les principaux épisodes dans le prochain article. A bientôt.

Zampa

Commentaires
Y
Ouai ce toinou savelli c'est lui qui menera rolland et serge cassone en belle.il lancera le beau gilbert .il l'aimait bien et il le surnommait mosconi,je crois avec une vague ressemblance pour un nageur olympique.hoareau c'etait pas une truffe comme disaient certains voyous marseillais .il se laissait pas faire et tuais lui qui se mettait devant.sa specialite c'etait la balle a sanglier,la breneke...le debut de sa fin ca etait quand il a vire poupon de l'equipe.il lui a coupe les enveloppes des machines etc avec son beau frere gilbert giglia etc.la ca etait sa perte.poupon a monte la tete aux gens aux jeunes corses etc a jaky gambarelli etc..
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Y
Hoareau cite ci dessus c'est pas vraiment paul mondoloni qui le lancera.dans sa jeunesse il etait coiffeur au quartier de le pointe rouge a marseille.et en plus un bon bagarreur.il coiffait les dames et c une de ces dames qui se prostituait qui en fera un proxo.ensuite l article ne le dit pas mais il rencontrera toinou savelli un gros voyou de l'epoque ainsi que nicolas mariano associe du matou etc.
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